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Maladie de Lyme chez le cheval : causes et traitements

La maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est une maladie parasitaire vectorisée par les tiques. Elle est mondialement présente. Elle touche l’homme et les mammifères domestiques, c’est une zoonose (maladie transmissible de l’animal à l’homme). On retrouve des symptômes différents en fonction des espèces touchées. La forme typique décrite chez l’homme n’est pas la même que celle décrite chez l’animal, nous en verrons les différences majeures. Actuellement, c’est une maladie recherchée dans le cadre d’investigations sanguines de type « piro-like ». Le diagnostic et les traitements de la maladie de Lyme chez le cheval seront détaillés dans la suite.

L’agent de la maladie de Lyme et son vecteur

L’agent causal de la maladie de Lyme est une bactérie de l’ordre des Spirochetales (même ordre que pour les leptospires : agents de la leptospirose), bactérie spiralée, mobile du genre Borrelia. On retiendra que Borrelia burgdorferi est la bactérie identifiée à l’origine de la maladie.

La transmission de cet agent pathogène se fait via un vecteur : la tique. On notera que le principal vecteur est Ixodes ricinus en Europe. C’est un arthropode piqueur de petite taille allant de trois millimètres à un centimètre. On retrouve préférentiellement ces agents dans les zones humides et forêts. La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse mais non contagieuse, c’est-à-dire qu’elle ne se transmet pas d’individus en individus.

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Les aspects cliniques de la maladie de Lyme chez le cheval

C’est chez l’homme que la maladie de Lyme a été décrite au départ. En effet, la spécificité des symptômes et l’importance de la forme clinique ont été un vrai moteur de recherche dans le but de prévenir et de traiter cette maladie. Le tableau suivant recense les différents signes cliniques. Notons que chez le cheval la clinique n’est pas aussi évidente et que bien souvent la corrélation avec la maladie de Lyme n’est pas probante. Il est possible, comme dans de nombreuses pathologies, d’avoir certains signes cliniques et pas d’autres.

Chez l'homme Chez le cheval

Trois phrases ont été caractérisées bien qu'aucune réelle séparation entre elles ne soit "visible".

Phase primaire

Apparition de l’érythème chronique migrant (ECM), chez 93% des personnes atteintes. L’apparition peut être précoce (quelques jours) à quelques semaines après morsure de tique. On observe des plaques rouges, non prurigineuses (ne grattent pas) ainsi qu’une augmentation des nœuds lymphatiques.

Phase secondaire

Il est possible que cette phase soit observée sans avoir pour autant remarqué la phase primaire. Elle se traduit par :

  • Signes cutanés : rares en France
  • Signes articulaires : douleurs articulaires évoluant par phases jusqu’au stade arthrite (inflammation des articulations)
  • Signes neurologiques : atteintes des nerfs crâniens, atteintes motrices,
  • Signes cardiaques et oculaires : rares !

Phase tertiaire

D’apparition tardive, elle est assez handicapante. Elle induit des manifestations cutanées plus graves (atrophie du derme). Il y a toujours des atteintes articulaires douloureuses.

Chez le cheval on ne retrouve pas d’évolution en phases. D’autant plus que peu de chevaux expriment des signes cliniques pathognomoniques (caractéristiques de la maladie) parmi les chevaux diagnostiqués positifs.

On retrouve principalement des signes musculaires et squelettiques, ophtalmologiques ou encore neurologiques.

Manifestations articulaires

Ce sont les plus fréquentes. On observe des boiteries chroniques, intermittentes, touchant un ou plusieurs membres de manière successive ou simultanée. Les manifestations sont assez longues et entrainent des inflammations articulaires. Les articulations apparaissent œdématiées et distendues. En absence de traitement on peut observer de la dégénérescence articulaire.

Manifestations neurologiques

On observe principalement des signes d’encéphalite mais aussi de méningite, des difficultés à l’ingestion d’aliments et des paralysies de la face.

Signes oculaires

On peut observer des uvéites chroniques. C’est une inflammation de l’uvée (partie intermédiaire de l’œil) qui se traduit par du blépharospasme (œil douloureux) et de l’épiphora (œil qui pleure).

Autres signes observés

Avortements, problèmes cardiaques, cutanés…. Plus rarement identifiés.

La maladie de Lyme chez le cheval est-elle surdiagnostiquée ?

Après avoir vu la multitude de symptômes possibles chez le cheval, nous allons aborder une question assez importante concernant cette maladie et dont on ne peut ignorer l’existence : La maladie de Lyme est-elle surdiagnostiquée chez le cheval ?

En effet, nous aborderons très prochainement les éléments diagnostiques, cependant des études ont montré que la maladie de Lyme est souvent diagnostiquée par un unique test. Ce dernier peut présenter de nombreux faux-positifs et faux-négatifs (c’est-à-dire un diagnostic erroné de la maladie). D’après les chercheurs, il faudrait associer plusieurs tests pour affirmer le diagnostic de certitude. Ajoutons à cela qu’il faudrait une association de facteurs : contact avec une tiques porteuses pendant 24 heures à 48 heures, signes cliniques pouvant coïncider avec une borréliose de Lyme, exclusion de toute cause possible de la maladie, haut seuil d’anticorps contre B.burgdorferi.

Il est important d’ajouter, que le traitement de la maladie de Lyme (en admettant une réponse positive à ce dernier) passe par l’utilisation d’antibiotiques de la famille des Cyclines. Ces antibiotiques ont des propriétés anti-inflammatoires. Il est donc difficile de conclure quant à l’origine de l’atteinte, sa possible amélioration et un test positif à la maladie de Lyme.

Les éléments diagnostiques de la maladie de Lyme chez le cheval

Le diagnostic de la maladie de Lyme chez le cheval passe par l’analyse de différents éléments : les signes cliniques, l’épidémiologie et la recherche biologique de la bactérie.

Pour la recherche biologique, on peut réaliser différents prélèvements : sang, liquide synovial, liquide céphalo-rachidien ou encore des urines.

Sont ensuite réalisés communément deux tests :

  • La PCR ou « polymerase chain reaction » : recherche des séquences du génome bactérien dans les échantillons.
  • Test ELISA : c’est un test sérologique indirect qui passe par la recherche des anticorps anti B.burgdorferi dans le sérum. C’est un test sensible mais qui manque de spécificité d’où l’apparition de nombreux faux positifs.

Des mises en cultures et recherches de bactéries dans les échantillons sont également possibles mais moins pratiquées.

Le traitement et la prévention de la maladie de Lyme chez le cheval

Actuellement, le traitement de la maladie de Lyme chez le cheval passe essentiellement par l’utilisation d’antibiotiques de la famille des Cyclines (Oxytétracyclines et Doxytétracyclines). Les traitements (posologie et durée) sont mis en place par le vétérinaire après résultat des analyses de sang bien souvent. Le suivi doit être rigoureux car ces molécules ont des effets secondaires digestifs pouvant provoquer des troubles importants. De nombreux vétérinaires combinent le traitement avec des probiotiques du type Flore Process de MSD pour soutenir la flore digestive.

Concernant la prévention, il n’existe pas de vaccin possédant une AMM pour le cheval a l’heure actuelle. Pour se prémunir des maladies dites « Piro-like », il est important de surveiller les chevaux de près. L’élimination des tiques sur l’animal, éviter de mettre les chevaux dans des prés contaminés par des tiques et bien scruter le cheval au retour de balade. Malheureusement, aujourd’hui, il n’existe pas non plus d’anti parasitaires assez puissants et résistants pour limiter les morsures de tiques.

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Le pronostic des chevaux atteints par la maladie de Lyme

Pour tous les chevaux ne présentant pas de signes cliniques ou d’atteinte spécifique d’organe, le pronostic est bon. Néanmoins pour les chevaux présentant des troubles majeurs de types articulaires ou neurologiques, le pronostic sportif est beaucoup plus sombre.

Il est donc assez difficile de conclure quant à cette maladie, tant sur son diagnostic et que sur sa clinique puisqu’ils sont divers et complexes. Actuellement les chercheurs et vétérinaires ont du mal à se positionner concernant la pertinence du diagnostic et sa corrélation clinique. Il existe bien des formes cliniques de la maladie, mais tout ce qui n’est pas « diagnostiqué » ne peut être « La maladie de Lyme », c’est une nuance importante à prendre en compte.

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