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Pathologies du boulet chez le cheval : comprendre et soigner

L’articulation du boulet fait partie des articulations hautement sollicitées chez le cheval, elle met en relation l’os métacarpien III ainsi que la première des trois phalanges et l’os sésamoïde proximal. C’est une articulation synoviale soumise à de fortes pressions de par la conformation du membre. On y compte également des tendons et des ligaments, que nous détaillerons plus loin, essentiels pour assurer une bonne locomotion. Nous verrons également les pathologies du boulet chez le cheval les plus fréquemment observées.

 

Description et rôle de l’articulation du boulet chez le cheval

Afin de comprendre les pathologies du boulet chez le cheval, il est important de prendre connaissance de l’articulation, de ses composants et de ses spécificités. L’articulation du boulet ou articulation métacarpo-phalangienne (pour les membres antérieurs) et métatarso-phalangienne (pour les membres postérieurs) met en relation quatre os : l’os métacarpe ou métatarse III (soit l’os du canon), la première phalange ainsi que les sésamoïdiens proximaux. C’est une articulation synoviale, de ce fait elle permet des mouvements larges et l’amortissement du poids. Cependant elle est aussi le siège de pathologies spécifiques.

La diarthrose est une structure complexe composée de surfaces osseuses (os sous chondral), couvertes par un cartilage hyalin, ces surfaces sont maintenues au sein d’une capsule articulaire par des ligaments, le tout dans une cavité articulaire remplie de liquide synovial. Cette articulation subit jusqu’à cinq à sept fois le poids du corps, son rôle d’amortissement est permis par l’appareil suspenseur du boulet (ligament suspenseur du boulet ou muscle inter-sésamoïdien) dont l’origine proximale est la face palmaire du carpe ou tarse (partie arrière du canon), il s’insère ensuite sur les sésamoïdiens proximaux et se divise en deux pour former les brides de renforcement. Les mouvements permis par cette articulation sont les suivants : la flexion et l’extension (descente du boulet) majoritairement.

La région du boulet chez le cheval est une zone également riche en ligaments et tendons, nous pouvons citer parmi eux : les ligaments sésamoïdiens comportant, les inter-sésamoïdiens, les sésamoïdiens distaux, ainsi que les collatéraux. On y retrouve le ligament suspenseur du boulet mais aussi le passage du tendon fléchisseur profond sur la face palmaire de l’articulation (arrière) et le passage des extenseurs sur sa face dorsale (avant).

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Les principales pathologies du boulet chez le cheval

Comme vu ci-dessus, le boulet chez le cheval est une articulation synoviale ayant un rôle majeur dans la locomotion des chevaux, notamment des chevaux de sport. Nous allons dès à présent lister une partie des pathologies les plus fréquemment observées. Ajoutons que la plupart du temps les signes cliniques sont non apparents et le diagnostic s’établit par imagerie.

Les arthrites traumatiques

  • Les arthrites traumatiques de type I : parmi lesquelles on recense, les synovites (inflammation de la membrane synoviale) et les capsulites (inflammation de la capsule articulaire). Ces pathologies sont inflammatoires, elles peuvent êtres aiguës ou chroniques. On observe lors de ces lésions, l’apparition d’un gonflement de l’articulation dû à une effusion du liquide synovial, plus on tend vers la chronicité moins l’articulation est mobile. Des calcifications peuvent alors avoir lieu au niveau des attaches de la capsule articulaire mais également un dépôt de tissus mous (induisant une ankylose soit une perte de mobilité articulaire).
  • Les arthrites traumatiques de type II : ce sont des inflammations entrainant des lésions articulaires telles que les entorses, subluxation, luxation (ces trois pathologies correspondent à des atteintes ligamentaires, respectivement, étirements ou encore ruptures) et fractures intra-articulaires.
  • Les arthrites traumatiques de type III : dans ce cas, on observe l’apparition d’ostéo-arthrite autrement dit l’arthrose, ce phénomène est dégénératif et entraine des changements au sein de l’articulation.

L’ostéo-arthrose dégénérative ou ostéo-arthrite dégénérative

L’ostéo-arthrose dégénérative ou ostéo-arthrite dégénérative est une pathologie articulaire fréquente. L’articulation métacarpo-phalangienne est la plus touchée par ce phénomène dégénératif. L’arthrose induit la destruction du cartilage articulaire, des remodelages osseux ainsi que des modifications des tissus mous.

Lorsqu’elle est primaire, cette pathologie du boulet chez le cheval comporte trois stades :

  • Le premier stade est souvent aigu et concerne les jeunes chevaux
  • Le deuxième stade d’apparition plus frustre, souvent liée à des pathologies de charge, concerne préférentiellement les chevaux adultes et gériatres.
  • Le troisième stade est quant à lui lié à des modifications du cartilage articulaire.

Concernant l’ostéo-arthose secondaire, on la considère comme une maladie articulaire d’apparition secondaire à la présence de pathologies primaires telles que : les kystes, l’ostéochondrite disséquante (OCD), des fractures… C’est le type d’arthrose le plus fréquent observé chez les chevaux.

L’ostéochondrose disséquante ou OCD

L’ostéochondrose disséquante ou OCD est une pathologie dont beaucoup d’entre nous entendons parler. C’est une atteinte articulaire pouvant « libérer » des fragments osseux dans l’articulation du fait d’un manque d’ossification au cours de la croissance, c’est donc une pathologie du jeune cheval. Le boulet n’est pas l’articulation la plus touchée néanmoins elle peut être concernée. Des liens ont été faits entre une alimentation trop riche et l’apparition d’OCD.

Dans un processus pathologique similaire à celui de l’OCD, il arrive que l’issue soit un kyste osseux formé dans l’os sous chondral (partie de l’os située sous le cartilage). L’origine peut également être traumatique (séquestration de tissu mou dans une brèche osseuse).

Les atteintes infectieuses

Afin de poursuivre dans le thème des pathologies du boulet du cheval, abordons maintenant les atteintes infectieuses comme les arthrites septiques. La présence de bactéries au sein de l’articulation génère une forte inflammation, cela est très douloureux. Différents germes peuvent êtres incriminés parmi eux : les staphylocoques, les streptocoques ou encore les coliformes. Ils font souvent suite à une lésion dans la région articulaire ou péri-articulaire.

Les atteintes ligamentaires et tendineuses

Pour terminer la longue liste non exhaustive de toutes ces pathologies, il convient de parler des atteintes ligamentaires et tendineuses. En effet de par la conformation de l’articulation du boulet (comme expliquée plus haut), une desmopathie (lésion ligamentaire) ou tendinopathie peut être à l’origine d’une instabilité mais également d’une douleur pouvant induire des boiteries. Par exemple, une lésion du ligament suspenseur du boulet peut engendrer des altérations de la locomotion (problème de descente du boulet, soulagement du membre) ou d’un des ligaments des ligaments inter sésamoïdiens à l’origine d’une subluxation.

Le diagnostic et le traitement des pathologies du boulet chez le cheval

Le diagnostic de ces pathologies du boulet chez le cheval est essentiellement vétérinaire, qu’il soit établi dans le cadre d’une visite d’achat, d’un examen orthopédique ou d’une consultation pour boiterie (plus ou moins sévère), il relève essentiellement de l’imagerie (et de l’examen locomoteur). Les différents types d’imagerie utilisés sont : la radiologie pour tout ce qui concerne les atteintes osseuses (fractures, fêlure, remodelages osseux, sclérose, fragments osseux, …), l’échographie est l’examen complémentaire de choix dans la détection des lésions des tissus mous (desmites, tendinopathies, …), elle permet la mise en évidence d’inflammation et apporte de très bons éléments. Pour des pathologies dont ces examens ne seraient pas suffisants, on peut avoir recours à l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétiques) ou encore le scanner et la scintigraphie. Dans certains cas il est possible d’aller visualiser à l’aide d’une caméra l’état de l’articulation, c’est l’arthroscopie, elle est aussi utilisée pour traiter certaines pathologies.

En ce qui concerne les traitements, ils sont établis suite au diagnostic et peuvent consister en : une mise au repos, notamment pour des lésions kystiques, tendineuses ou ligamentaires, avec plus ou moins une supplémentation en anti-inflammatoires. Une chirurgie dans le cadre de fractures ou encore d’OCD. Une infiltration (ou plusieurs dans le cas d’une pathologie dégénérative) intra-articulaire pour traiter les lésions arthrosiques en association avec du repos et un traitement par le froid.

Mais quel soutien pouvons-nous apporter aux articulations du cheval ?

Face à l’incidence de ces pathologies du boulet chez le cheval, il est légitime de se demander quels sont les outils en notre possession pour prévenir au mieux ces atteintes. De nombreux laboratoires ont développé des gammes de compléments alimentaires participant au soutien de la fonction articulaires. Ces compléments sont souvent riches en glucosamine et sulfate de chondroïtine mais encore les glycosaminoglycanes ayant un rôle de préservation du cartilage, on y trouve des molécules favorisants la formation et le bon fonctionnement du cartilage (comme les oligo-éléments). Il est également possible de supplémenter en Harpagophytum, cependant ce produit peut être analysé aux contrôles dopages. Parmi ces produits on peut citer Twidil Artridil, disponible avec ou sans harpagophytum. Outre ces compléments pouvant soutenir ponctuellement ou plus fréquemment le cheval, l’utilisation de gels refroidissants du type Kynesil de chez Ravene est possible avant ou après l’effort (dans l’optique de préparer ou d’aider à récupérer). Attention néanmoins pour les chevaux sortant en concours, certaines substances peuvent être prohibées, il est important de se référer aux vétérinaires ou aux notices en cas de doute.

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La place des protèges boulets et des guêtres

Rappelons-nous que des pathologies du boulet chez le cheval peuvent avoir une étiologie traumatique, dans l’optique de limiter les coups pouvant survenir dans les zones articulaires, il est possible d’utiliser des protections. Il y a actuellement sur le marché un panel assez large de protèges boulets, guêtres et bandes, adaptables selon les disciplines mais aussi en fonction du cheval, de ses sensibilités et pathologies.

Pour des chevaux ayant tendance à avoir des boulets qui se touchent en activité, l’utilisation de protèges boulets est possible, elle réduira les chocs et apportera du confort.

Dans le cas d’un travail intensif ou pour des chevaux ayant eu des pathologies ligamentaires ou tendineuses, mais également pour la prévention, il est possible d’utiliser des guêtres ou bandes de travail apportant en plus de la protection aux chocs un soutien de la fonction tendineuse.

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