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L’évolution du cheval sénior

Le vieillissement du cheval est inévitable, il est associé à divers changements physiologiques et à un risque plus élevé de développer des maladies. Le cheval sénior nécessite alors une attention particulière afin de repérer les premiers signes de l’âge, détecter rapidement les pathologies évocatrices et préserver au mieux son confort et sa santé.

Signes de vieillissement du cheval

Les premiers signes de l’âge apparaissent vers 18-20 ans et diffèrent d’un cheval à un autre.
Un cheval vieillissant laissera apparaître plusieurs signes extérieurs évocateurs :

  • Blanchiment du poil autour des yeux avant de s’étendre à la tête puis au reste du corps.
  • Fonte musculaire 
  • Amaigrissement
  • Salières qui se creusent 
  • Affaissement du dos
  • Raideur 
  • Problèmes de dentition

Le cheval âgé doit faire l’objet d’une surveillance accrue, puisque les signes de vieillissements peuvent être confondus avec les symptômes de multiples pathologies. De plus, la douleur est plus difficile à détecter chez le cheval sénior

Suivi régulier du cheval sénior

Une observation quotidienne ainsi qu’un suivi vétérinaire régulier sont d’une importance non négligeable en raison du risque plus élevé de développer une pathologie liée à l’âge. 

Différents signes doivent alerter le propriétaire :

  • État corporel du cheval : un amaigrissement peut être synonyme d’une pathologie sous-jacente ou associé à un problème dentaire. Une prise de poids peut également être le signe de certaines pathologies (syndrome métabolique équin ou Cushing par exemple) et peut augmenter les douleurs liées à l’arthrose ou augmenter les risques de fourbure.
  • Difficulté de prise alimentaire : problèmes dentaires, tumeur …
  • État de la peau et du poil : infections, tumeurs (mélanomes), parasites externes … Un cheval ayant une anomalie de la mue et présentant un hirsutisme peut être atteint par la maladie de Cushing.
  • Difficulté à se déplacer : que ce soit à cause d’une pathologie du pied (abcès, seime, fourmilière …) ou à cause d’une douleur lié à l’arthrose par exemple. Il est aussi possible que le cheval peine à se coucher et/ou à se relever.
  • Toux ou difficulté respiratoire : emphysème, sinusite …

Avec l’âge, le système immunitaire du cheval est diminué, c’est une des raisons pour lesquelles le cheval est plus exposé aux maladies. Le vétérinaire peut aussi proposer une augmentation des rappels de vaccination.

L’appareil digestif étant également plus fragile, la vermifugation doit être rigoureuse afin de limiter les infestations parasitaires.

Pathologies les plus fréquentes chez le cheval âgé

L’arthrose

Une grande majorité de vieux chevaux est atteinte par l’arthrose. Il s’agit d’une affection dégénérative de l’articulation. Le cartilage articulaire se dégrade et engendre une inflammation ainsi qu’un remaniement des os de l’articulation concernée. Cette pathologie est douloureuse et entraine des difficultés de déplacements du cheval.

Problèmes dentaires 

En vieillissant, les chevaux peuvent perdre des dents ou être atteints d’affections parodontales à l’origine d’un déchaussement dentaire. 
L’état des dents des vieux chevaux varie en fonction de l’entretien plus ou moins régulier pendant toute la vie de l’équidé mais aussi en fonction de l’alimentation du cheval ou d’éventuelles pathologies pouvant dégrader la santé dentaire.

Un cheval à qui il manque des dents ou qui ressent une douleur dans la bouche rencontre généralement des difficultés à s’alimenter, à mastiquer et par conséquent à digérer et assimiler les aliments. Un mauvais état buccal est susceptible d’entrainer une perte de poids mais également des troubles digestifs (bouchons œsophagiens par exemple).

Problèmes digestifs

Plusieurs facteurs peuvent entrainer des troubles digestifs et des amaigrissements associés chez le cheval sénior. Ils peuvent être liés à :

  • Défaut d’apport alimentaire : difficulté à se déplacer ou cheval dominé
  • Défaut d’ingestion ou de mastication : problème dentaire ou arthrose de la mâchoire
  • Défaut d’absorption : pathologie intestinale où parasitisme
  • Anorexie : pathologie, infection, tumeur ou douleur chronique

Problèmes endocriniens

Chez les chevaux de plus de 15 ans, il existe une maladie endocrinienne appelée « syndrome de Cushing ». Il s’agit d’une maladie du système hormonal marqué par une mue difficile avec un poil hirsute et des dépôts graisseux sur tout ou partie du corps. Cette pathologie peut engendrer des complications (ex : fourbure) pouvant être fatales à l’animal.

Problèmes cardio-vasculaires et respiratoires

Certaines pathologies cardiaques sont plus fréquentes chez le cheval sénior comme l’insuffisance aortique (maladie dégénérative liée à l’âge) et l’insuffisance cardiaque.

Au niveau respiratoire, l’emphysème est une pathologie récurrente chez le cheval âgé. Il s’agit d’une inflammation pulmonaire d’origine environnementale (hypersensibilité aux poussières et moisissures dans le foin et la paille notamment) à l’origine d’une obstruction ainsi qu’un remaniement des voies respiratoires entrainant une diminution de la capacité pulmonaire.

Tumeurs

Les tumeurs les plus souvent observées chez les vieux chevaux sont les mélanomes ainsi que les carcinomes oculaires.

Les mélanomes sont généralement rencontrés sur les chevaux gris en raison de leur pigmentation de la peau spécifique. Ils se développent le plus souvent au niveau de l’anus, du fourreau ou de la vulve et sur les lèvres pouvant devenir très handicapants pour le cheval en fonction de leur évolution.

Entretien du cheval sénior

Entretenir un cheval âgé passe avant tout par le faire suivre régulièrement par différents professionnels de la santé et du bien-être équin. D’autant plus qu’un cheval ayant été entretenu correctement toute sa vie aura plus de chances de vieillir « mieux » et plus longtemps.

La poursuite des soins courants est donc primordiale :

  • Vaccination et vermifugation régulières : il est possible d’effectuer des coproscopies afin d’adapter le traitement antiparasitaire le plus adapté possible. 
  • Bilan de santé et analyses sanguines : en fonction de l’état de santé de votre cheval, ces examens peuvent être faits plus ou moins fréquemment.
  • Entretien des pieds : le passage régulier du maréchal ferrant où du podologue est fortement recommandé afin de vérifier l’hygiène des pieds et assurer de bons aplombs d’autant plus que l’âge augmente les risques de pathologies au niveau des pieds. Une ferrure orthopédique peut aussi être conseillée.
  • Entretien dentaire : les soins dentaires ne sont pas à négliger puisqu’un problème au niveau de la bouche (perte de dents, surdents …) peut entrainer un amaigrissement du cheval lié à une difficulté pour se nourrir. Une dentition en mauvaise état peut également être à l’origine d’obstruction de l’œsophage.

Adapter l’environnement du vieux cheval

Afin d’optimiser le confort de vie du cheval âgé, d’autant plus s’il est atteint de troubles respiratoires ou locomoteurs, il est possible de mettre en place des adaptations de son environnement.

Dans le cas de troubles respiratoires :

Les chevaux séniors présentant des troubles respiratoires chronique peuvent dans l’idéal et si possible être mis au pré de façon permanente s’ils disposent d’un abri. Dans le cas où la vie au pré n’est pas possible, la litière au box doit être adaptée et l’entretien du box régulier.

Les copeaux de bois dépoussiérés, la tourbe ou encore la litière de lin sont préférées à la paille généralement trop poussiéreuse. Une bonne ventilation des écuries (sans courants d’air) est aussi conseillée.

Dans le cas de troubles locomoteurs :

Les vieux chevaux atteints de pathologies entrainant des troubles de la locomotion manquent de souplesse et sont moins habiles. La mise au pré permet le mouvement régulier évitant l’ankylose des articulations. La présence de congénères permet également de stimuler la fréquence de ses déplacements.

Dans le cas d’un cheval au box, il faut veiller à ce que celui-ci soit assez grand pour qu’il puisse plus facilement se retourner et ne pas rester coincé.

Certains chevaux rencontrent aussi des difficultés à se relever, il est alors nécessaire d’avoir la place pour l’aider à se relever (système de relevage).

Néanmoins, en fonction de la saison, il faut aussi adapter l’équipement. En hiver, il est recommandé de couvrir son cheval pour le protéger du froid et de l’humidité pouvant accentuer les douleurs articulaires liées à l’âge. De plus, pour se réchauffer le vieux cheval à besoin de plus d’énergie et devra alors puiser dans ses ressources.

Pendant les saisons chaudes, une protection contre les insectes ainsi qu’un masque anti-UV sont indiqués d’autant plus que la majorité des chevaux séniors est atteinte de problèmes oculaires.

Adapter l’alimentation du cheval sénior

En vieillissant, les besoins énergétiques et alimentaires des chevaux changent. Il est donc nécessaire d’adapter la ration pour limiter ou compenser au mieux les carences.

L’alimentation du cheval sénior doit alors être :

  • Plus riche en protéines et en matière grasse pour maintenir sa masse musculaire et limiter la perte d’état
  • Avoir un taux de cellulose suffisant pour optimiser le transit et éviter les stases digestives
  • Supplémentée en acide gras essentiels pour assurer le bon fonctionnement de l’organisme
  • Supplémentée en minéraux, vitamines, oligo-éléments, probiotiques …
  • Supplémentée en compléments alimentaires si nécessaires pour faciliter la mue où détoxifier le foie par exemple

Le fourrage reste un indispensable en supplément de la ration. Il permet au cheval de stimuler son transit en permanence mais également de se dépenser physiquement et mentalement. 

Pour les chevaux ayant des problèmes dentaires, il est plus difficile de mastiquer le foin. Il existe désormais des solutions alternatives comme des blocs de fibres fourragères à faire tremper.

Concernant les chevaux atteints de troubles respiratoires, le foin est soit trempé dans l’eau, soit remplacé par des fourrages moins poussiéreux (enrubanné, pellets de luzerne par exemple). Il convient tout de même d’être vigilant au stockage et de le mettre à l’abri de la poussière et de l’humidité. Leur ration est également composée d’aliments peu poussiéreux ou alors mouillée pour empêcher l’inhalation de particules poussiéreuses.

Les chevaux concernés par le syndrome métabolique équin ou le syndrome de Cushing reçoivent une alimentation à index glycémique bas.

Un accès permanent à l’eau propre et fraîche doit être primordial et il est possible de multipliez les points d’eau pour les chevaux rencontrant des difficultés à se déplacer.

Activité physique du cheval sénior : retraite ?

Il n’existe pas de règles concernant l’âge de la mise à la retraite d’un cheval âgé. La décision de mettre au repos le cheval est influencée par l’état physique, le passé médical, la tolérance du cheval à l’effort … 

Cependant, il est important de noter que la conservation d’une activité physique adaptée permet de conserver un bon état physique et de préserver le moral des chevaux. L’activité permet d’entretenir la souplesse articulaire et l’entretien de la musculature.

Si la décision de l’arrêt du travail est prise, la transition doit se faire progressivement et dans tous les cas, il est recommandé de maintenir le mouvement du cheval même s’il n’est plus monté. Une retraite active permettra au cheval de conserver une bonne forme physique.

*  *  *

En définitive, un cheval sénior nécessite des soins réguliers et adaptés à sa condition. Le vieillissement étant un processus physiologique responsable de l’affaiblissement de l’organisme, il convient d’être vigilant au développement de pathologies. Le rôle du propriétaire est d’améliorer les conditions de vie de son cheval, de continuer les soins même à la retraite afin de prolonger son espérance de vie.

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