Accompagner le passage aux pieds nus de son cheval

Rappels anatomiques : structure et composition du pied du cheval

Le pied du cheval est une structure complexe et il est important de connaître son anatomie afin d’en comprendre le fonctionnement et de pouvoir en prendre soin. 

Il est composé de différents types de tissus (osseux, tendineux, ligamentaires, cartilagineux …)

A l’intérieur du sabot se trouve la 3ème phalange (P3) criblée de trous vasculaires pour laisser passer les multiples vaisseaux sanguins, le pied du cheval étant très vascularisé.

Rattachée à cet os, la chaire feuilletée ou podophylle, composée de structures en lamelles permet l’union à la paroi du sabot par son emboitement dans le kéraphylle ou stratum internum.

• La paroi

La paroi est composée de 3 couches :

• Couche interne (stratum internum) : la plus profonde qui unit les parties vivantes du pied à la corne.
• Couche intermédiaire (stratum medium) : la plus épaisse et la plus rigide de la paroi
• Couche externe (stratum externum) : partie visible de la paroi, sa partie proximale est recouverte par le périople. Elle est composée d’une fine couche de cellules épidermiques constituant un verni protecteur à la surface du sabot.

La paroi est, dans son ensemble, produite par le bourrelet coronal et pousse continuellement d’environ 1 à 2 cm par mois. 

• La sole

Située sous le pied, elle est légèrement concave. La sole s’unit avec le kéraphylle de la paroi et donne ce que l’on appelle, la ligne blanche. Bien qu’ayant quasiment la même composition que la couche intermédiaire de la paroi, elle est plus souple.

La stimulation mécanique qu’elle reçoit, stimule sa production. Plus il y a de pression sur la sole, plus elle s’épaissit.

• La fourchette

Elle se trouve au centre de la sole et est constituée d’une corne souple et élastique. La fourchette est divisée en deux parties latérales par une lacune médiane et délimitée de chaque côté par une lacune latérale. Elle rejoint la peau en talons par les glomes.

Tout comme pour la sole, sa stimulation entraine sa production mais également celle de structure voisines : le coussinet digital (fonctions tactiles et proprioceptives du pied) et les cartilages ungulaires (ou fibrocartilages).

Rôles et fonctionnement du pied du cheval

Le pied du cheval joue plusieurs rôles :

• Propulsion
• Amortissement des chocs
• Pompe relais au niveau sanguin : à l’appui, le sabot se dilate sous l’effet de la pression générant un afflux de sang. Lorsque le pied n’est plus en contact avec le sol, il se « resserre » provoquant un reflux sanguin vers le haut du membre

Le pied subit de fortes pressions, il est soumis au poids du cheval et amortit les chocs. Lors du déplacement il assure aussi bien l’amortissement que la propulsion. 

Le sabot reflète également la santé globale du cheval, lors d’un stress métabolique, il est courant de voir apparaître des « lignes de stress » au niveau de la paroi.

Le fonctionnement physiologique du pied du cheval est complexe mais il peut être brièvement expliqué et divisé en 3 phases : 

Amortissement :

Lorsque le cheval se déplace, il pose le pied en talon, ainsi les structures internes situées à l’arrière du pied (cartilages ungulaires et coussinet plantaire) reçoivent et absorbent le choc.

Soutènement :

Quand les talons sont en contact avec le sol, le pied « s’écrase » légèrement et les talons s’écartent. Ils peuvent bouger indépendamment l’un de l’autre, grâce à la fourchette et permettent de s’adapter au terrain (présence de cailloux par exemple) sans tordre les autres structures du membre.

Propulsion

Quand le cheval retire son pied du sol, le pied bascule et les forces d’écrasement sont supprimées. Les articulations se fléchissent et permettent de récupérer l’énergie cinétique emmagasinée par les structures internes du pied et donc de générer la propulsion. Enfin, le pied se « resserre » et les structures retrouvent leur forme d’origine.

Pour que la locomotion du cheval soit optimale, il est nécessaire que le pied soit sain.

Passage aux pieds nus chez le cheval : transition et accompagnement

La transition

La plupart des chevaux sont capables d’être pieds nus cependant, déferrer un cheval n’est pas un acte anodin et demande une transition adéquate selon l’état de ses sabots, ses aplombs, son mode de vie …

Avant de déferrer son cheval, il est important d’en discuter avec le maréchal ferrant ou podologue équin et même le vétérinaire qui pourront mettre en place un protocole adapté afin de rendre la transition aussi facile et fluide que possible.

Lorsqu’un cheval est ferré, son corps entier s’adapte à la ferrure. Enlever les fers représente alors un changement brutal qui nécessite une transition devant se faire en maximisant le confort du cheval et en évitant toute douleur.

Le pied ferré ne permet pas un contact de la sole avec le sol, or, elle nécessite d’être stimulée pour que sa production le soit également. Ainsi, un cheval ferré aura une sole plus fine qu’un cheval pieds nus. Cela aura donc pour conséquence, une sensibilité plus élevée. 

Il faut faire attention à ce que la sensibilité ne se transforme pas en douleur afin que les compensations mises en place par le cheval pour la gérer n’entraine pas de dégradations ou modifications physiologiques.

L’accompagnement

La transition pieds nus nécessite un temps d’adaptation, généralement, on parle de 6 mois à un an avant que le pied ne soit totalement acclimaté. Pendant ce laps de temps, il est possible de mettre en place différentes conduites pour accompagner le cheval dans ce changement.

• Adapter l’environnement du cheval :

Afin que le pied se développe de façon optimale, il est important qu’il soit stimulé. Le mouvement est essentiel pour les chevaux pieds-nus. Il permet le renforcement du pied mais également une usure légère et régulière. Au début, le pied étant très sensible, il est possible d’éviter les terrains trop caillouteux.

• Adapter l’alimentation :

L’alimentation joue un rôle important dans la qualité et la solidité du sabot lui permettant une meilleure résistance. Il faudra équilibrer la ration et l’adapter au cheval afin de prévenir toutes carences alimentaires.

• Adapter le travail :

Le travail permet le mouvement et donc la stimulation de la biomécanique du pied. Par conséquent, les capacités du sabot (répartition des charges et amortissement des chocs) sont favorisées. Le choix du terrain d’entrainement est également important et à adapter lors de la transition.

• Apporter du confort si nécessaire :

Si le cheval est trop sensible ou douloureux, il est indispensable d’améliorer son confort. Il est possible d’utiliser des fers en plastique lors de la transition ou des hipposandales afin de faciliter le passage aux pieds nus. 

• Parage adapté et régulier :

Un pied nu demande encore plus d’attention qu’un pied ferré. Il est important de contrôler l’usure du pied mais également son développement.

Le parage doit être régulier et renouvellement fréquemment surtout au début afin de rééquilibrer le pied. Lors de la transition, le sabot est mis « à plat », l’appui sur la paroi externe est supprimé et redirigé sur le dessous du pied.

• Soins du pied :

Le pied doit être régulièrement nettoyer afin de vérifier la présence d’éventuels impacts où cavité au niveau de la sole. Il faut impérativement retirer les cailloux pouvant être présents au niveau de la ligne blanche afin d’éviter l’apparition de fourmilières, abcès …

La sole et la fourchette doivent faire l’objet d’une surveillance accrue et d’un bon entretien.

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En conclusion, le passage aux pieds nus est possible pour la majorité des chevaux qu’il soit de loisir ou de sport. L’accompagnement est primordial pour la réussite de cette transition et nécessitera un suivi régulier de l’évolution du pied ainsi que l’adaptation de son mode de vie.