Retour aux articles

Pathologies du jarret chez le cheval : comprendre et soigner

Le jarret, ou tarse, est une structure qui constitue la jonction entre le tibia et le canon du membre postérieur du cheval. Le jarret est fortement sollicité, en particulier chez les chevaux de sport auxquels on demande des efforts intenses et répétés sur leurs postérieurs. C’est la raison pour laquelle les pathologies du jarret chez le cheval sont fréquentes et font partie des principales causes de boiteries.

L’articulation du jarret chez le cheval

Le jarret du cheval correspond à l’articulation de la cheville chez l’humain. C’est une structure complexe, composée de six os courts, reliés entre eux par de très nombreux ligaments. Le jarret est composé de cinq articulations majeures, mais la mobilité est permise quasi exclusivement par l’articulation tibio-tarsienne, la plus haute, qui unit l’extrémité distale du tibia au tarse. Les autres articulations sont en réalité quasi immobiles, la capsule articulaire du tarse ainsi que les ligaments, muscles et tendons limitant fortement les mouvements.

Par sa complexité anatomique, le tarse peut être le siège de pathologies relativement diverses. Les plus fréquentes sont l’arthrose et l’ostéochondrose, mais se distinguent également les fractures, les atteintes ligamentaires ou encore les affections inflammatoires et infectieuses.

Les différentes pathologies du jarret chez le cheval

L’arthrose du jarret

L’arthrose est la cause la plus fréquente de boiterie du jarret, elle occasionne aussi parfois simplement de mauvaises performances chez le cheval. L’arthrose du tarse est également appelée arthropathie dégénérative ou plus simplement éparvin. Il s’agit d’une affection chronique à la progression généralement assez lente, qui se caractérise par des lésions irréversibles de l’articulation et plus spécifiquement du cartilage. Elle touche principalement les articulations intra tarsiennes peu mobiles, et très rarement l’articulation tarso-tibiale qui est responsable de la flexion du jarret.

Les facteurs pouvant favoriser l’apparition d’arthrose sont nombreux, cette pathologie du jarret chez le cheval peut toucher les équidés de tous âges et toutes disciplines. Elle est cependant nettement plus fréquente chez les chevaux âgés ou travaillant de manière intensive. Les disciplines comme le CSO ou le Western occasionnent des compressions et rotations répétées des os du tarse ainsi que des tensions sur les insertions des principaux ligaments. On parle alors de traumatisme d’usure. Des aplombs défectueux ou encore un parage inadapté peuvent aussi favoriser l’apparition d’arthrose du jarret. La nutrition est également importante car les carences en minéraux ainsi que les excès et déficits en protéines sont des facteurs prédisposants.

Le signe indicateur le plus caractéristique est une boiterie du cheval, souvent de faible degré et plus visible sur de petits cercles ou sur un sol ferme. Il peut être particulièrement délicat pour le cavalier de déceler ces signes chez son cheval car la boiterie peut être difficilement visible voire quasiment inexistante. D’autres éléments peuvent ainsi faire suspecter cette pathologie du jarret chez le cheval : un cheval qui se désunit au galop, refuse de tourner dans une direction, n’engage pas ses postérieurs, se défend… Ces comportements doivent faire suspecter une douleur et justifient un contrôle vétérinaire. Celui-ci réalisera entre autres un test de flexion du jarret, qui permet d’orienter le diagnostic. Il sera ensuite nécessaire pour le confirmer d’effectuer d’autres examens comme des anesthésies locorégionales ou encore des radiographies, qui permettront d’observer les lésions.

Le traitement de l’arthrose du jarret a simplement pour but de faire en sorte que l’articulation ne soit plus douloureuse, puisque les lésions sont irréversibles. L’arthrose se gère communément grâce à l’administration d’anti-inflammatoires, la pratique d’un exercice adapté, l’utilisation de ferrures orthopédiques ou encore l’injection de médicaments intra-articulaires. L’utilisation de compléments alimentaires à base d’harpagophytum, de glucosamine ou de chondroïtine sulfate peut également être conseillée. La chirurgie, visant à fixer entre eux les os peu mobiles du tarse, n’est à réserver qu’aux cas les plus graves ne répondant pas aux traitements habituels. Même si dans certains cas le cheval peut redevenir totalement asymptomatique, l’arthrose reste une pathologie du jarret chez le cheval pour laquelle une guérison complète ne peut être obtenue. Il est donc important d’essayer autant que possible de la prévenir en travaillant le cheval de manière raisonnable, sur un sol adapté et avec une ferrure ou un parage régulier.

VOIR TOUS NOS COMPLÉMENTS POUR LES ARTICULATIONS

L’ostéochondrose

L’ostéochondrose est une des pathologies du jarret les plus fréquentes chez les chevaux de sport et de courses. Elle se développe au cours de la croissance du poulain, et touche principalement les articulations du boulet, du grasset et du jarret. L’ostéochondrose peut provoquer de l’inconfort voir des boiteries chez le cheval. Il s’agit d’un défaut de formation du cartilage qui peut se manifester sous plusieurs formes : les deux principales sont le kyste osseux sous-chondral, c’est à dire un kyste au niveau de l’os en contact avec l’articulation, et l’ostéochondrose disséquante ou OCD, qui aboutit à la présence d’un fragment libre ostéo-cartilagineux dans l’articulation. Les kystes sont cependant rares au niveau du jarret, la lésion la plus courante dans cette articulation est l’OCD.

Pour limiter le risque d’apparition d’OCD chez le poulain, il faut lui éviter une activité physique trop importante ou sur un terrain dur ou irrégulier, qui serait néfaste à son développement osseux et cartilagineux. L’alimentation joue également un rôle capital dans le développement de ces lésions, notamment pour ce qui est de l’équilibre en minéraux. Enfin, il existe une prédisposition génétique chez certaines races comme le trotteur français et le pur sang anglais.

Bien que les lésions d’ostéochondrose se développent au cours des 8 premiers mois de vie du poulain, l’apparition des signes peut être beaucoup plus tardive. La boiterie peut s’observer lors de la mise au travail du cheval ou même plusieurs années plus tard. Certains chevaux resteront même asymptomatiques toute leur vie. Les signes pouvant faire penser à une lésion d’ostéochondrose sont : une boiterie inconstante, la présence de vessigons (gonflements au niveau de l’articulation du jarret), et parfois une simple irrégularité d’allure ou diminution des performances. Un examen vétérinaire comprenant des radiographies ou échographies permettra de poser le diagnostic.

Le traitement de choix en cas d’OCD provocant une gêne chez un jeune cheval est chirurgical. Le fragment est retiré par arthroscopie, ce qui ne provoque qu’une lésion minime des tissus et permet un retour rapide à l’activité après une période de convalescence au box de 4 à 6 semaines. Le pronostic est généralement excellent. La chirurgie n’est cependant pas toujours nécessaire, par exemple si l’OCD est découverte chez un cheval plus âgé ou n’ayant qu’une activité modérée. Le traitement s’appuie alors sur le repos, le contrôle de l’équilibre en minéraux de la ration et l’utilisation d’anti-inflammatoires.

Les fractures du jarret

Les fractures sont possibles au niveau du jarret, elles se caractérisent typiquement par une boiterie franche ainsi qu’une suppression d’appui au repos. On observe également la présence de chaleur, gonflement et douleur lors de la palpation de l’articulation. Dans certains cas de fracture incomplète, la boiterie peut être moins prononcée. 

La radiographie est nécessaire pour confirmer le diagnostic, mais il peut arriver que la fracture ne soit pas visible dans un premier temps si elle n’est pas déplacée, il faut alors réaliser des radiographies de contrôle.

Le traitement des fractures du tarse peut être conservateur, c’est à dire mettre simplement le cheval au repos pendant 6 à 8 mois, ou chirurgical. Le pronostic est généralement assez bon, en particulier lors de traitement chirurgical.

Les atteintes ligamentaires

Les pathologies ligamentaires du jarret chez le cheval incluent principalement les atteintes des ligaments collatéraux et la desmite (inflammation) du ligament suspenseur du boulet.

Les ligaments collatéraux permettent d’empêcher l’extension complète de l’articulation du jarret, ils peuvent être lésés lors de traumatismes ou de faux mouvements, par exemple en cas de luxation de l’articulation suite à un coup de pied d’un autre cheval. Ils peuvent aussi être atteints sans qu’il n’existe de luxation associée. On parle d’entorse lorsque certaines fibres sont déchirées mais sans occasionner de rupture complète du ligament. En cas de lésion des ligaments collatéraux le cheval peut être plus ou moins boiteux, et la flexion du tarse est souvent difficile et douloureuse. On observe également un gonflement de l’articulation. Le traitement le plus fréquent est conservateur, il s’agit d’un repos au box d’une durée d’au moins six mois, avec dans un premier temps une immobilisation du membre. En cas de luxation il existe un risque d’arthrose secondaire, mais dans le reste des cas la récupération est généralement bonne.

Les lésions du ligament suspenseur du boulet, ou muscle interosseux, sont parmi les pathologies du jarret les plus fréquentes chez les chevaux de sport et plus particulièrement chez les chevaux de dressage. Elles ne sont pas évidentes à déceler car le cheval n’est pas nécessairement boiteux, elles peuvent se traduire par une simple perte d’impulsion, une dégradation de la qualité des allures, une perte de puissance à l’obstacle… Souvent aucun signe local n’est visible, et pour poser le diagnostic il est nécessaire de réaliser des anesthésies locales ainsi que des examens d’imagerie comme l’échographie. De nombreux traitements sont possibles et seront conseillés par le vétérinaire en fonction de la nature (chronique ou aigüe) et de la gravité de la lésion. Il peut proposer par exemple des infiltrations locales d’anti inflammatoires stéroïdiens ou encore l’utilisation d’une ferrure de type « eggbar » qui réduit l’extension du boulet. Malgré les traitements existants, le retour à une activité sportive du cheval suite à cette pathologie du jarret est généralement compromis.

La ténosynovite de la gaine tarsienne

Cette pathologie du jarret chez le cheval désigne une inflammation de la membrane synoviale de la gaine qui entoure le tendon pour faciliter ses mouvements. Cette inflammation conduit à un épanchement de liquide synovial, qui provoque alors une distension de la gaine qui se traduit par un gonflement mou au toucher : on parle de vessigon. Il existe différents types de ténosynovites, qui se distinguent par leurs causes : une répétition de faibles traumatismes, un traumatisme aigu (coup ou torsion), ou encore une plaie ouverte provoquant une ténosynovite infectieuse. Selon son type, la ténosynovite peut être aigüe ou chronique et provoquer ou non une boiterie. L’échographie est l’examen de choix pour poser le diagnostic, et le traitement s’appuie fondamentalement sur du repos au box et l’utilisation d’anti-inflammatoires, même si dans certains cas la chirurgie s’avère nécessaire. L’évolution dépendra de l’origine et la sévérité de la lésion.

Loading...